Février 2020, je me retrouve avec deux semaines libres entre deux emplois, l’ombre de la Covid fait surface et commence à affoler la planète.
J’ai un petit peu d’argent de côté et le moral à zéro suite à une séparation. Je décide donc de partir seul au Japon, à l’autre bout du monde pour changer d’air.

J’organise le voyage un peu à la dernière minute, deux billets d’avion et un hôtel qui semble sympa à Shinjuku, le quartier un peu festif de Tokyo, c’est parti !

Arrivé

12 h de vol depuis Paris pour atterrir à l’aéroport de Tokyo Haneda, situé à proximité du centre de Tokyo.

Premier choc en arrivant en voyant le peu de voyageur dû aux premiers signaux d’alerte de la Covid. L’aéroport est à moi et des dizaines d’hôtesses des compagnies aériennes attendent le chignon parfait. Toutes identique en tailles et en visage, il m’est difficile de distinguer les différents traits derrière le masque pour mon regard d’Européen.
Je sors tranquillement prendre une navette qui mène directement à Shinjuku.

À la sortie du bus, je me retrouve au milieu de ce quartier parmi les plus connus du Japon. Ça grouille de gens comme une fourmilière.
Des travailleurs en costumes et des filles aux longs cheveux rosâtres à l’image des personnages de manga, je suis bien arrivé !

Mon premier défi est de rejoindre l’hôtel situé à deux stations de métro.
Une tâche qui pourrait ne pas sembler si simple tant la station de Shinjuku est colossale.
C’est la gare la plus grande du monde avec ses 3.5 millions de visiteurs par jours, 200 entrées et un labyrinthe sans fin.

Cependant, l’ordre et la rigueur des Japonais rendent la chose très simple.
Tout est indiqué en anglais et en japonais, agrémenté de code couleurs et les chemins à suivre sont clairement indiqués sur le sol. Ce système m’a permis de ne jamais me perdre dans le métro tokyoïte.
J’avais acheté une carte PASSMO avant mon départ, c’est une carte rechargeable permettant d’utiliser les transports, et même de payer dans les distributeurs et petits magasins.

L’arrivée à l’hôtel se fait sans problème. Situé proche de la tour du gouvernement avec son design soviétique coupé à la hache. Check-in et me voilà dans ma chambre. Très petite, mais ultra fonctionnel, j’ai le droit aux toilettes japonaises et une micro-baignoire, le top !

Par contre, un immense panneau publicitaire recouvre ma fenêtre, je ne verrai pas la lumière du jour. Tant pis, je dormirai !

Les incontournables culturelles

Lors des quatre premiers jours, l’excitation de ce nouveau monde et peux être le jet-lag, m’empêchais de dormir et de m’arrêter. J’ai alors visité le plus de choses possibles avec un appétit insatiable.

La Tokyo Tower, construite en 1958 et servant de relais de télécommunication, est un symbole de Tokyo. Elle ressemble fortement à la tour Eiffel, mais en moins stylé.
L’éclosion des fleurs de cerisier commençait !

Tokyo est pleine de gratte-ciel et de lieux plus traditionnel. Parmi ces lieux, le temple d’Asakusa est une référence.
Un portail avec une lanterne suspendu de 700 kilos se dresse à l’entrée du site.

Le temple en lui-même a été construit en l’an 645, détruit et reconstruit plusieurs fois depuis à cause des incendies et de la seconde guerre.

J’ai aimé m’y balader et observer cette architecture parfaite de bois aux de couleurs vives.

Le jardin Hama-Rikyū a été créé au 17e siècle et est un lieu très sympa. Il est possible d’y découvrir un jardin au style purement japonais où rien n’est laissé au hasard, des pelouses et des arbres taillé parfaitement.
L’herbe y était sèche sur la photo en sortie d’hiver.

Le parc abrite aussi le Sanhyakunen-no-matsu qui signifie Pin de 300 ans.
Ses branches grandissent à l’horizontale et sont maintenues par un ensemble de cannes de bois, un vrai survivant du passé !

Je suis vraiment fan des structures modernes et des architectures des skyline, c’est donc naturellement que mon parcours m’a mené à la Tokyo SkyTree, une tour de 634 m en plein cœur de la ville.
Deux étages sont accessibles au 350ᵉ et au 450ᵉ mètres de la tour, offrant une vision panoramique sur toute la mégalopole.
Même les immeubles de 30 étages en contrebas paraissent petits, on se croirait dans un jeu vidéo SimCity !
Je suis bien resté trois heures en haut afin de profiter du temps clément et d’apercevoir un coucher de soleil magnifique sur la ville, incontournable.

C’est le lendemain de ma visite de la SkyTree Tower que les autorités ont annoncé la fermeture de tous les lieux culturels et de divertissement public clos. J’ai eu un peu de chance d’avoir pu faire ce que j’ai fait, ce n’est pas grave, j’ai d’autres plans pour la suite. 🙂

Le jour et la nuit

Mon hôtel étant à côté de Shinjuku, le quartier qui ne dort jamais, je décide d’aller m’y promener de nuit, le changement d’atmosphère est complet.
Ici pas de temple et de joli paysage, mais une guirlande d’enseigne lumineuse, une foule omniprésente et la décadence de Tokyo à portée de main.

C’est le centre du divertissement, on peut y voir un Godzilla mécanique géant crachant des flammes du haut de la tour. On y trouve toute sorte de divertissement tel que des karaokés, des restaurants, salle de jeux d’arcade, etc.

Kabukichō est une sous-partie de Shinjuku et est un peu le côté décadent de la ville. On est sans cesse interpellé par des rabatteurs souhaitant nous emmener dans des bar à hôtesse aux allures plus ou moins débridé.
Le contraste avec le jour est énorme, la journée tout est calme et propre, la nuit, les prostituées et les rabatteurs étrangers inondent les rues.

J’ai pu d’ailleurs discuter avec un rabatteur d’origine africaine qui parlait français, j’ai accepté de le suivre « juste pour voir, no money ! », ce qu’il appelait les bars à hôtesse, et oui, c’est vraiment underground ! Je l’ai suivi au 3ᵉ sous-sol et ai été accueilli par un homme en costume qui m’a fait visiter les lieux.
Dans le bar, une vingtaine de demoiselles en bikini qui ressemblaient plus à un gros réseau de prostitution de femme mongole et chinoise qu’un bar tranquille. Comme convenu, je suis repartie juste après, ces bars étant uniquement fait pour faire dépenser un max d’argent aux étrangers crédules !

Il est fréquent d’avoir des commerces dans les sous-sols et dans les étages à Tokyo. J’ai remarqué que contrairement à la France où les commerces sont au rez-de-chaussée avec des habitations sur les étages, à Tokyo ça fonctionne plutôt par quartier.


Les centres de quartier ont des commerces et des bureaux, mais pas d’habitation permettant d’avoir des animations sans limites. À l’opposé, les zones d’habitation sont extrêmement calmes et il y règne une ambiance de village.

Les ruelles du Golden gai, situé à côté de Kabukichō, ont été une super découverte pour moi !
C’est un ensemble de bar exigu, tout petit, mais plein de vie.

Chaque bar est composé d’un comptoir et de quelques tabourets, où tout le monde peut venir et discuter. On discute avec les barmaids, le voisin, et tous ceux qui passent par là le temps d’une bière ou d’une soirée.
Il est possible d’y rencontrer des étrangers, mais pas que, certains Japonais fréquentent aussi les lieux.
Leur présence rend la chose intéressante parce qu’ils ne sont pas facilement accessibles dans la vie quotidienne.
J’ai pu y rencontrer des travailleurs de bureau ordinaires, des étudiants et des étrangers autour d’un saké chaud ou froid, le top !

La soirée est terminée, je n’ai plus de batterie et ai perdu complètement l’orientation suite à ma fatigue des derniers jours. Surement un peu à cause de l’alcool de riz aussi. Il est temps de rentrer.
Mince ! Le métro est fermé, il est 1 h du matin !
Finalement, s’engage une longue balade à pied où mon esprit crédule croit aller vers la bonne direction. Tandis que j’imaginais voir la tour du gouvernement comme étoile du berger, il n’en était rien.
Oui, au milieu des grattes ciels, on ne voit pas plus loin que la rue d’à côté.
2 h 30 de marche plus tard, un détour par Shibuya et une pluie absorbée, je retrouve enfin mon hôtel situé à 15 min de mon lieu de départ, sobre et fatigué.

En route, le mieux c’est de se perdre. Lorsqu’on s’égare, les projets font place aux surprises et c’est alors, mais alors seulement, que le voyage commence.

– Nicolas Bouvier

Les rencontres

C’est dans un micro bar de Golden Gai où ma meilleure expérience a eu lieu, au minibar nommé « Deathmach in Hell » à l’allure démoniaques.
L’ambiance est à base de vieux rock et des télévisions diffusent des VHS de film d’horreur old school. Glauque, délirant et très fun !

J’y fais la rencontre d’un jeune couple américano-Japonais a la dégaine légèrement freestyle, avec qui commence une longue discussion à base d’Anglais approximatif. Le saké aide à parler anglais et à parler tout court !
Avant de partir, ils me proposent de les suivre afin de rejoindre des gens dans un restaurant proche. Tiraillé entre timidité maladive et euphorie du moment, j’accepte. C’est exactement à ce moment-là que mon voyage prend tout son sens.

Je rejoins donc le groupe, ce sont en fait un ensemble de voyageurs vivant dans une share-house.
Ils vivent à Tokyo depuis quelques semaines, quelques mois voir quelques années pour certains et viennent des quatre coins du monde.

Tout cela pour finalement aboutir à une soirée mémorable en leur compagnie dans les méandres des bars de nuits tokyoïte.
J’ai été invité durant les jours suivant, invité à aller les voir dans leur share-house et voir le mode de vie.
Certains étaient des voyageurs de longs cours, d’autres des étudiants ou encore travailleur ayant quitté leur Terre-Natale.
J’ai, au fur et à mesure des conversations avec chacun, pris conscience de l’importance de suivre et vivre ses envies, de découvrir le monde et les autres cultures.

Dénouement

En allant à Tokyo, je voulais me perdre à tous les niveaux pour mieux me retrouver. C’est exactement ce qui est arrivé.
En plus de découvrir le voyage en solo, un superbe pays, dépasser mes peurs de l’inconnu et les barrières culturelles, j’ai appris sur moi-même et en suis revenu grandi comme jamais.